samedi 14 mai 2011

Commentaire(s) fleuri(s) d’un soir sur un poème de Nezahualcoyolt






Commentaire(s) fleuri(s) d’un soir sur un poème de Nezahualcoyolt
J’ai vu sur le blog LES PEUPLES DU SOLEIL, qui se dit « le blog consacré aux fictions mettant en scène des peuples précolombiens », à l’occasion d’un échange dit « dimanche poétique » 28/11/2010 la reproduction d’un beau texte de Nezahualcoyotl, Dialogue avec le prince Yohyotzin. Voici ce qui était écrit :
« Nezahualcoyotl (environ 1402-1472) était un roi de la province de Tezcoco et l'un des rares noms d'auteurs de poésie nahuatl qui nous soient connus. Féru de poésie, il organisa de nombreux concours, auxquels il ne dédaignait pas de participer.
- Je suis venu ici, moi, Yohyotzin.
Anxieux, je respire les fleurs
sur cette terre où se fanent les fleurs.
Je cueille les fleurs de cacao, j'effeuille les fleurs de l'amitié.
Tu es, ô seigneur, tu es le roi Nezahualcoyolt!
Moi, prince Yohyotzin, je suis venu chercher tes chants;
tes chants sont beaux, je suis venu les chercher.
- Ainsi qu'émeraudes, que colliers, que plumages de riches plumes,
j'estime tes chants, je les aime et je les danse
près des tambourins, dans la Maison du Printemps.
Je suis Yohyotzin, mon cœur les savoure.
Prends ton tambourin fleuri à l'odeur de maïs,
que se répandent les fleurs à l'odeur de cacao!
Réjouissons-nous près des tambourins!
Là, où se dresse l'Arbre Fleuri,
Là vit le bel oiseau de pourpre:
voici qu'en cet oiseau Nezahualcoyolt s'est changé
et que s'élèvent les chants fleuris qui apportent la joie aux fleurs! »

Comme les commentaires étaient possibles, je me suis permis de faire le mien qui a été le suivant :
Commentaires
C'est en effet un fort beau poème qui incarne en soi la poésie nahuatl : les deux mots directeurs du poème sont en effet la fleur et le chant qui reviennent sans cesse, c'est-à-dire in xochitl in cuicatl, ces termes associés dans la langue nahuatl pour signifier "la poésie". M'essayant modestement à acquérir quelques notions de nahuatl, j'imagine combien ce poème devait être agréable à entendre, chanté ou déclamé. Ainsi le thème de la fleur (xochitl) qui est repris répété sans cesse en association avec divers autres éléments permet de former des mots chantants et suaves,
tels que
xochiyeelehuiya pour je respire les fleurs
xochitlatlapanaco pour se fanent les fleurs.
cacahuaxochitli pour les fleurs de cacao,
icniuhxochitli pour les fleurs de l'amitié
izquixochitli huehuetl pour le tambourin fleuri à l'odeur de maïs, etc. etc.
Écrit par : Arnaldus 19.03.2011

J’ajouterai aujourd’hui que dans le texte nahuatl de ce poème apparaît également le vers ni xochicuicuicatinemi qui se traduirait par « je vais chantant mes chants fleuris ». (Tiré du livre NEZAHUALCOYOTL, Sur cette terre à nous prêtée…, traduit du nahuatl et présenté par Pascal Coumes et Jean-Claude Caër, Éditions Arfuyen, Paris-Orbey 2010)
Enfin, le thème de la fleur me rappelle aussi l’une des formules les plus plaisantes, presque précieuses, que j’ai pu trouver avec la construction d’un des mots les plus longs de la langue nahuatl (du moins, pour moi) ; je cite :
Moquetzalizquixochintzetzeloa in icniuhyotl, c’est-à-dire : Tel le parfum des précieuses fleurs de maïs grillé, se répand l’amitié…(Tiré du chant 12, Cantares Mexicanos, du livre LES FLEURS DE L’INTÉRIEUR DU CIEL, Chants de l’ancien Mexique traduits du nahuatl et présentés par Patrick Saurin, Éditions José Corti, Paris 2009)
Voilà de quoi s’endormir sereinement, la tête pleine de quetzalxiloxochitl

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