samedi 11 juin 2011

LA FILLE DE MONTEZUMA, UN ROMAN DE H. RIDER HAGGARD


"La fille de Montézuma" est la narration par Thomas Wingfield, un vieux gentilhomme campagnard de l'époque élisabéthaine, d'évènements qui se sont déroulés 60 ans auparavant et qui l'ont conduit depuis la campagne anglaise jusqu'aux rivages du monde aztèque dont il fut l'un des premiers blancs d'Occident à fouler le sable. C'est l'histoire d'une vengeance puisque le fil directeur de cette narration est la poursuite par le jeune T. Wingfield de l'assassin de sa mère, l'aristocrate sévillan Juan de Garcia, assassin qu'il retrouve périodiquement au milieu de péripéties et tragédies diverses et variées en Angleterre, en Espagne, sur l'Atlantique, à Mexico et dans les réduits de résistance indiens ; c'est aussi l'histoire de deux amours puisque T. Wingfield est épris de Lily Bozard, sa jeune voisine anglaise, mais il sera ensuite l'objet de la passion amoureuse de Otomie, la fille de Montézuma qu'il épousera et dont il s'éprendra en définitive, Otomie qui symbolise le monde indien refusant de se rendre à l'envahisseur et d'abandonner ses rites et croyances, et qui finira par se suicider, libérant ainsi Wingfield qui s'en retournera, plein d'usage et raison, vivre entre les bras de sa Lily, la belle anglaise, le reste de son âge ; c'est enfin l'histoire de la fin d'un monde, comme chacun l'aura deviné, puisque les amours de Otomie et de T. Wingfield ont pour toile de fond les années dramatiques marquées par l'arrivée des conquistadores, la chute de l'empire aztèque, la main mise militaire, économique, religieuse et sociale des Espagnols sur le monde indien. La première couverture est celle du livre paru en 1986, de la collection NEO PLUS N°3 (traduction de René Lecuyer et Richard D. Nolane) avec l'illustration de Jean-Michel Nicollet. Voici ce que dit la quatrième de couverture :
" Comment le jeune Thomas Wingfield aurait-il pu savoir que l'homme dont il venait d'épargner la vie était ce même Juan de Garcia qui, après avoir poursuivi sa mère de sa convoitise pour finalement l'assassiner, après avoir fait emprisonner et torturer son père, allait être la cause de toute une existence d'aventures et de dangers ? Lorsqu'il en prend conscience, il décide de venger sa mère et quitte sa terre natale à la poursuite du misérable. Passant d'abord par l'Espagne de Charles Quint, où il fait fortune, il finit par arriver dans le Nouveau Monde où, aux côtés des Aztèques, il participe activement à la défense de Tenochtitlán – le futur Mexico – et de la Cité des Pins. Car les Aztèques, après avoir failli l'immoler sur la pierre du sacrifice, l'honorent à l'égal d'un dieu, avant de lui donner pour épouse celle qui l'aime et qu'il finit par aimer lui aussi : la fille de Montézuma, le prestigieux empereur des Aztèques. Outre cette merveilleuse et haletante histoire d'amour et de vengeance, cette vaste fresque romanesque, fondée sur des données historiques rigoureuses, met en scène la fin terrible des Aztèques et de leur civilisation face à l'envahisseur espagnol Cortés, constituant un des plus parfaits romans d'aventures historiques de la littérature anglo-saxonne et l'un des plus passionnants.
Né en 1856 et mort en 1925, Sir Henry Rider Haggard, ami intime de Kipling, fut l'un des principaux représentants de l'âge d'or du roman d'aventures en Angleterre. Économiste, technicien des questions agricoles et juriste, il est d'abord pour nous un très grand romancier qui sut mêler dans tous ses romans, fantastique et aventure, ésotérisme et érotisme, pour constituer une œuvre impérissable dont une grande partie reste à traduire. Après le cycle de She complet, plusieurs volumes du cycle d'Allan Quatermain (dont Les mines du roi Salomon), nous avons publié ses deux autres romans sur les empires disparus d'Amérique Centrale : Cœur du Monde et La vierge du Soleil, ainsi que Le peuple du brouillard, L'esclave Reine, La nuit des Pharaons et un fabuleux roman historico-fantastique : Eve la Rouge. On peut lire d'autre part Le dieu jaune publié par Richard D. Nolane dans sa collection « Aventures fantastiques » chez Garancière. "
Le deuxième livre est de la collection Hachette, Idéal - Bibliothèque de 1954, avec l'illustration en couverture de Jean Sidobre, et en remontant le temps la dernière couverture est une édition de 1930,retrouvée dans une petite librairie, des Editions Jules Taillandier, Collection Voyages lointains - Aventures étranges. La traduction est également de René Lecuyer. Ce dernier livre a le charme désuet des années trente, d'autant que, si le nom de l'illustrateur n'est pas indiqué, ses illustrations attirent l'attention, ne serait-ce que parce que les Aztèques, princesse, chefs ou prêtres, etc., sont représentés comme des "peaux rouges" des plaines du Missouri (!), peut être sous l'influence de Tintin en Amérique.



dimanche 5 juin 2011

MOQUETZALIZQUIXOCHINTZETZELOA



Pour terminer sur une note positive ce dimanche soir qui vient clôre le long week end de l'Ascension (du moins pour ceux qui ont bénéficié du "pont"), je cite un extrait d'un chant qui parle de l'amitié, texte tiré des Cantares Mexicanos par Patrick Saurin qui l'a traduit et présenté page 95 de son livre des Editions José Corti (Paris 2009 - Collection Merveilleux n°19), intitulé Les Fleurs de l'Intérieur du Ciel.
Moquetzalizquixochintzetzeloa
in icniuhyotl
Aztacaxtlatlapa 'tica
ye on malinticac,
in quetzalxiloxochitl
ymapa'
on ne'nemi conchichichintinemih

in teteuctin in tepilhuana...
Tel le parfum des précieuses fleurs de maïs grillé se répand l'amitié, de blanches fleurs caxtlatlapan, elle vient tresser des guirlandes, de précieuses fleurs xiloxochitl elle s'est parée, ils vont et viennent en respirant leur parfum les seigneurs et les princes...

mercredi 1 juin 2011

UNE POÉSIE DE NEZAHUALCOYOTL



NEZAHUALCOYOTL (1402 - 1472), souverain de Texcoco, l'une des trois seigneuries de la Triple Alliance (avec Tenochtitlan et Tlacopan) qui domine le monde aztèque et alentours, est l'un des plus grands poètes connus de l'époque précolombienne. Dans la langue complexe et métaphorique qu'est le nahuatl, il a écrit de magnifiques poèmes, toujours publiés, lus et étudiés de nos jours. Lire à haute voix, en nahuatl et en français, une poésie de Nezahualcoyotl est un enchantement, qu'il s'agisse de ses chants de guerre, ses chants fleuris ou ses chants de tristesse, ainsi que l'on répartit généralement son oeuvre, ou de ses poèmes fondés selon trois interrogations majeures, Dieu, le destin de l'homme et la poésie, d'après la lecture proposée par certains. Nezahualcoyotl nous parle notamment de la fugacité de l'instant présent, de la précarité du destin humain, de l'inquiétude de l'être sur lui-même et sur le monde ; il exprime en même temps une angoissante interrogation sur "l'après" et l'au-delà et ses doutes sur la force divine. J'ai extrait ici d'un poème intitulé "L'Arbre fleuri", In Xochicuahuitl, un passage extrêmement connu et très souvent cité, avec diverses traductions qui révèlent la difficulté de traduire le nahuatl en général, et Nezahualcoyotl en particulier. Ainsi que le disait si bien J.M.G. Le Clézio dans Le rêve mexicain (Gallimard, Folio Essais, page 151) en parlant de cet extrait : "[Mais] au-delà de la fête du chant et des dieux, vient à nous une mélodie pleine de mélancolie et de vérité, et c'est elle que nous ne cessons pas d'entendre, la parole précieuse du doute."



CUIX OC NELLI NEMOHUA O A IN TLALTICPAC ? IHUI OHUAYE !

ANNOCHIPA TLALTICPAC ! ZAN ACHICA YE NICAN !

TEL CA CHALCHIHUITL NO XAMANI,

NO TEOCUICATL IN TLAPANI,

NO QUETZALLI POZTEQUI !

ANNOCHIPA TLALTICPAC ! ZAN ACHICA YE NICAN !


La Légende des Soleils, traduit du nahuatl par Jean Rose (Anacharsis Editions , Toulouse 2007) Citation avant l'introduction

Vivons-nous réellement sur cette terre ? Hélas! Un bref instant sur cette terre ! Un instant seulement ici ! Même le jade se brise, Même l'or se rompt, Même les belles plumes se flétrissent ! Un bref instant sur cette terre ! Un instant seulement ici !

Nezahualcoyotl, Sur cette terre, à nous prêtée..., traduit du nahuatl et présenté par Pascal Coumes et Claude Caër (Editions Arfuyen, Paris- Orbey 2010) page 83

Est-ce vraiment vivre que de vivre ici sur la terre ? Non pas pour toujours ici sur la terre, Mais seulement pour un bref instant. Même les jades se brisent, Même les ors se fendent, Même les plumes de quetzal se cassent. Non pas pour toujours ici sur la terre, Mais seulement pour un bref instant.

Anthologie Nahuatl, Témoignages littéraires du Mexique indigène, Miguel Leon-Portilla et Birgitta Leander (Editions Unesco / L'Harmattan, Paris 1996) page 54

Même le jade se brise, et même l'or s'altère. Même les plumes de quetzal se ternissent : la vie n'est pas sans fin sur terre, nous sommes ici pour un bref instant !

Antiguos Poetas Mesoamericanos, traducido y compilado por John Curl (site internet FAMSI) Los cantos de flor de Coyote Hambriento (Cantares Mexicanos) In Xochinquahuitl - The flower tree

Not forever on earth, only a brief time here ! Even jades fracture, even gold ruptures, even quetzal plumes tear : not forever on earth, only a brief time here ! Ohuaya, ohuaya.